Lorsque le Président
Thomas Sankara adoptait l’appellation Burkina
Faso en lieu et place de la Haute-Volta
le 4 août 1984, son choix – jugé éclairé – revêtait trois dimensions. Il
voulait manifester l’émancipation de son pays vis-à-vis de la colonisation
française. Il souhaitait trouver une appellation ancrée dans les terroirs, à
travers un savant dosage des langues nationales, dans laquelle les burkinabé se
reconnaitraient. Il ambitionnait de donner le ton quant à la société du « pays
des hommes intègres » qu’il entendait construire.
Aujourd’hui, quand je regarde la géographie du
Faso, je regrette qu’il se soit arrêté en chemin et que ses successeurs n’aient
pas poursuivi cette œuvre. En effet, sur les treize régions administratives du
pays, seules cinq portent des noms qu’on pourrait dire inspirés du terroir
(Sahel, Boucle du Mouhoun, Hauts-Bassins, Cascades, Plateau central). Les huit autre
sont un simple positionnement dans les quatre points cardinaux (Nord, Centre,
Centre-Nord, Centre-Sud, Centre-Ouest, Est, Centre-Est, Sud-Ouest). A mon avis,
cela manque d’originalité et même un peu d’élégance. La richesse culturelle,
linguistique et géographique du pays donne pourtant d’énormes possibilités pour
(re)baptiser ces régions, en leur donnant des noms dans lesquels les citoyens
se reconnaitraient.
Après
le courage exemplaire démontré par les burkinabé pour renverser le pouvoir de
Blaise Compaoré, refuser une insurrection et une tentative de coup d’Etat
militaire, les nouvelles autorités seraient bien inspirées d’opérer cette
évolution.
Cela ne sera sans doute pas
une révolution, ni ne changera les conditions de vie des citoyens, mais
mettrait sûrement un peu de baume à leur cœur et au nôtre.